Zoo Postmoderne

Fin 1991, The Fly devient leur second #1 au Royaume-Uni après Desire. Mysterious Ways, second single sera leur 4e meilleure performance aux États-Unis, atteignant la 9e position du op 100. En janvier 1992, The Edge accompagne Keith Richards, Neil Young et Jimmy Page afin de jouer Big River des Yardbirds à l'intronisation de ceux-ci au Temple de la Renommée du rock'n Roll, à Cleveland. The Edge travaille tant sa guitare avec audace, il mérite tout à fait sa place auprès de ses grands de la 6/12 cordes. Fin février commence la tournée Zoo TV Tour, en Floride. Sur scène, des centaine de téléviseurs. Bono, dans son personnage de la mouche. L'égomaniaque capitaliste.

C'est une tournée mondiale qui gardera U2 au sommet du monde musical rapportant pas moins de 151 millions de dollars. 5 volets comprenant 157 spectacles entre le 29 février 1992 et le 10 décembre 1993. Après avoir offert des tournées traditionnelles rock, on offre cette fois quelque chose de stylé et multimédia. On zappe sur les télés, on fait des coups de téléphones en direct pour amuser, on voit de confessions vidéos, une danseuse du ventre est parmi les vedettes sur scène, on diffuse en satellite pour Sarajevo déchiré par une infâme guerre. Bono incarne aussi un déséquilibré télé-évangéliste. Et le diable. Contrairement aux tournées précédentes, les spectacles débutent avec 6 à 8 chansons du nouvel album avant de jouer des titres plus anciens. On est fier d'Achtung Baby. À juste raison. L'album sera #1 en Nouvelle-Zélande, en Irlande, au Canada, en Australie, aux États-Unis. C'est un excellent album encore reconnu comme l'un de leurs 2 meilleurs, sinon leur meilleur, de leur carrière. 

On passe de l'austère et minimaliste scène de tournée au grandiose. Ça charme, mais ça fatigue aussi. On avait été très punk new wave sur les trois premiers albums, très axé sur le rêve américain, le folk et l'americana sur les trois autres. On est soudainement très européens, techno rock. C'est une tournée très audio-visuelle. En mars, le 3e single sera #1 au Canada. Bono commande 10 000 pizzas pour la foule dans un spectacle à Detroit. Le pauvre fournisseur ne réussira qu'à en livrer 100. Généreux, le band leur paiera quand même 10 000 pizzas. À Londres, on est ravi de faire la rencontre de l'auteur Salman Rushdie. Le 4e single est lancé en juin. En Suède, Björn Ulvaeus et Benny Andersson d'ABBA montent sur scène avec eux pour chanter Dancing Queen. Toujours en juin, on joue en protestation des projets d'expansion du second réacteur nucléaire de Sellafield, en Angleterre. Avec aussi sur scène, Public Enemy, Kraftwerk, Big Audio Dynamite II. Bono enregistre une version solo d'un morceau d'Elvis pour un film avec Sarah Jessica Parker et Nicolas Cage.. On travaille avec Greenpeace

Morleigh Steinberg est la danseuse du ventre pour la tournée. Elle sera davantage. The Edge et elle tombent amoureux. En Août le 5e et dernier single de l'album est lancé. Début 1993, Adam & Larry jouent sur scène avec Micheal Stipe et Mike Mills de R.E.M. pour l'inauguration du nouvellement élu président Bill Clinton. Dès février 1993, on travaille des idées laissées de côté récemment et on développent en studio

Bono présente la modèle Noami Campbell à Adam Clayton lors d'une soirée mondaine, s'inspire d'elle et de son milieu pour un délicieux morceau, Adam & Naomi tombent l'un pour l'autre. Adam, revigoré nous prépare de la belle performance inspirée. Les lecteurs du Magazine Rolling Stone votent U2 les meilleur band, meilleur retour, meilleure tournée, meilleur album, meilleure pochette, meilleur single, Bono est élu meilleur chanteur, meilleur compositeur (mais ils composent à 4), et chanteur masculin le plus sexy, Larry Mullen est voté meilleur batteur, The Edge et Adam sont nommés, mais seconds, respectivement derrière Prince et Flea de Red Hot Chili Peppers. Tout baigne pour les Dublinois. 

Pendant la tournée qui perdure, on revient souvent à Dublin pour enregistrer ce qu'on travaille en coulisses. Flood & Brian Eno sont à la barre de la production. The Edge, beaucoup aussi. Il est passé par tant d'états d'âmes en moins d'un an, il se sent mentalement engourdi par moments. Le chantera avec Bono en falsetto. Presque complètement en falsetto aussi, Bono écrit un morceau très personnel après avoir reçu un petit film sans son d'un membre de sa famille montrant sa défunte mère, à 24 ans, portant une robe jaune citron. Eno brille en appuyant sur le planant. On utilise l'intro d'une chanson folklorique Russe, avant de tomber dans la distorsion, The Edge, Larry & Adam, surtout ce dernier. The Edge compose son premier morceau tout seul depuis Van Dieman's Land. The Edge co-écrira les paroles de toutes les chansons du prochain album. Bono écrit ce qu'il comprend de l'histoire religieuse du fils prodigue

U2 avait tourné un clip chez le réalisateur allemand Wim Wenders. Wim et le band s'étaient intéressés les uns aux autres. Quand Wenders choisit de tourner une suite à son excellent film Les Ailes du Désir, comme 97% des suites, le film ne sera pas si bon. Mais Wenders demande à U2 de leur fournir une chanson pour son film. Ce sera un de leur plus beau morceau. Cette histoire d'anges et de foi en l'au delà rejoint un peu la spiritualité d'au moins 3 d'entre eux. Qui depuis toujours, ils sont très religieux. Stay (faraway so close) sera leur 3e single, en septembre 1993.     

Le band, toujours baigné dans une certaine spiritualité, signe un morceau inspiré du livre des éclésiastiques, et son narrateur, le prêcheur, errant dans un monde post-apocalyptique, cherchant un sens à la vie. Bono ne se voit pas la chanter. Un morceau de 1988, prévu pour Rattle & Hum, avait été co-composé avec Johnny Cash. Mais jamais terminé. On en garde des éléments pour la retravailler et en faire le morceau qui clôt leur futuriste 8e album. Si on avait co-écrit Love Rescue Me avec Bob Dylan pour qu'au final que Bono la chante finalement seul, cette fois on fait le contraire. La chanson de U2 est entièrement chantée par Cash. Étrange feeling pour clore l'album. 

Le 5 juillet, en pleine tournée, qui ne se conclut qu'en décembre, Zooropa est lancé. Le premier single est le morceau chanté par The Edge. La chanson ne score pas fort, mais l'album vend très très bien. On aime l'unité du son avec Achtung Baby. La riche chanson d'ouverture est née des sessions de Berlin. En septembre, le second single est lancé et fait légèrement mieux avec un #1 en Islande, en Angleterre et un #1 sur les palmarès dance aux États-Unis. Le vidéo, tourné par le réalisateur de documentaire Mark Neale, est un hommage au photographe Eadweard Muybridge. Le clip épouse très bien ce morceau space-disco-allemand. 

En novembre Bono enregistre sa part vocal pour un duo avec Frank Sinatra. Le même mois, le 3e single, le meilleur selon moi, est lancé. Je ne suis pas le seul à le penser, ou du moins, suis au bon endroit où on le savoure le plus car le morceau atteint le #5 au Canada et le #1 en Irlande. Je suis canado-irlandais, c'est cohérent que ça me plaise tant. Toujours en novembre, Adam Clayton devient le premier membre du band à manquer un spectacle, il en manque même deux, quand Bono annonce à Sidney, en Australie, qu'il ne peut pas être sur scène parce "qu'atteint d'un virus". 

Ce qui est une blanche menterie. 

Il a tant fait la fête avec Naomi, il était en lendemain de veille pendant plus de 48 heures. Un technicien de tournée, Stuart Morgan, prend sa place, les deux fois. Le dernier spectacle a lieu à Tokyo, le 10 décembre. 

En mars 1994, Zooropa gagne le Grammy du meilleur album alternatif.

Pour ma part, il s'agit de leur dernier album franchement intéressant. C'est notre co-loc Val qui l'achète et on le dévore tout 1993-1994. 

Le mini album prévu pendant la tournée mondiale devient album complet. Reprenant à merveille le ton offert sur Achtung Baby,  le band continue d'explorer le techno rock industriel, se trouvant désormais beaucoup plus expérimental qu'on pouvait l'avoir été auparavant. On reste inspirés, alternatifs et populaires dans la jungle du monde musical qui favorise pourtant le grunge de la côte Ouest en Amérique du Nord

Mais comme l'album, et au moins deux de leurs titres, on est moins dans la jungle que toujours en cage.

Au zoo. 

Prisonniers des attentes populaires. 

Ça jouera dans leurs têtes grisées de succès.

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