PARFAITE Réinvention
U2, frôlera la séparation. Se trouve soudainement dans un pays, qui justement se réunifie. Après avoir été adorés unanimement et mondialement pour The Joshua Tree, l'album suivant divise public et critique. On les accuse de prétention et de grandiosité. Moralement, pour ces Dublinois très attentifs à tout ce qui se passe, c'est dur à gérer. On a exploré beaucoup dans la musique des gens à la peau noire, mais on est pas noirs. On peut faire des clins d'oeil, mais on est blanc comme un Irlandais roux. On sera toujours une certaine fraude en imitant Motown ou le blues. Et est-ce entièrement le son de ce band né du puck alternatif de la fin des années 70 ? Et est-ce que ça donne l'impression que le band ne créé plus de lui-même et aurait besoin des airs des autres ?...on ne veut pas donner ce type d'impression.
Si on rendait hommage aux Beatles, Jimi Hendrix, Billie Holiday, B.B.King, Dylan sur le dernier opus. cette fois, il y aura un petit côté Rolling Stones. Plus subtil. Sur la pochette choisie au final, très certainement. Le collage de nombreuses photos n'est pas sans rappeler le même type de collage qu'on retrouvait sur la pochette du chef d'oeuvre double des Stones de 1972, Exil on Main Street. La version finie de Even Better Than The Real Thing a aussi des choristes qui rappellent We Love You des mauvais garçons du rock n' roll.
À partir de fin décembre 1989, on débute la plus longue pause pour le band depuis 10 ans.
Publique. Parce qu'au privé, on travaille. On a au moins 4 morceaux.On est pas tous d'accord sur les directions musicales à prendre. Écrivant à 4, God part II, on réalise qu'on a écrit, outre ce morceau, le dernier album presqu'exclusivement sous le volet de la nostalgie. En enregistrant Night & Day, on utilise des sons de dance électronique et du hip hop. On haït pas du tout. Bono et The Edge ont beaucoup écrit ensemble pour la version théâtrale de A Clockwork Orange, et on a pris des directions qui étaient des eaux dans lesquelles la section rythmique n'avait pas tellement nagé. Ce que Bono et The Edge travaillent ensemble est extrêmement expérimental et le terrain est labouré pour le travail sur le prochain album. Daniel Lanois sera le principal producteur, et on engage aussi Mark "Flood" Ellis, afin de se garder contemporain, malgré les expérimentations. Eno chapeaute de loin et apparaît aux semaines ou aux mois suggérant ajustements et idées. Volontairement, Eno ne veut rien entendre des morceaux ne progression et arriver le plus froid possible afin d'avoir un regard neuf sur du matériel dont ils auraient peut-être trop le nez dedans pour bien la juger. Il s'offre rocher sur lequel monter pour juger l'état des vagues.
Inspiré des stratégies obliques d'Eno, on utilisera beaucoup la pensée latérale pour solutionner les impasses. Sur l'album d'avant, on avait Jimmy Lovine à la production, plus rétro. Donc traditionnel et nostalgique. Quand Bowie est entré à Hansa en 1976, c'était une nouvelle carrière dans une nouvelle ville, avec de nouveaux sons. U2 veut aussi se réinventer.
On pense que la domesticité est le pire ennemi du rock'n roll. Ils n'ont pas tout à fait tort. Mais c'est en se rapprochant de leurs familles que la sauce prendra. The Edge & Aislinn sont parents 3 fois depuis 1984. Ils se sépareront au printemps et le matériel composé en sera fortement influencé. Bono vient d'avoir son premier enfant avec Ali, une fille et en auront une seconde en juillet 1991, Eve. Larry et Ann sont un couple depuis l'adolescence. On a maintenant presque 30 ans. L'âge qu'avait Bowie en janvier 1977, à Hansa. Le studio a beaucoup changé. C'est toujours une ancienne salle de bal nazie, et U2 reste surpris de leur hôtel assez miteux, du regroupement communiste qu'ils croisent dans les rues, qui s'opposent à l'unification des deux Allemagnes, du sentiment de morosité trouvé sur place. On laisse des familles derrière, mais on trouve du sombre sur place. Les équipements sont si peu convenables qu'on doit en importer d'ailleurs. En revanche, ce qu'on reçoit est tout à fait neuf et permet de faire découvrir. Quand les sessions débutent. la tension grandit car si The Edge et Bono pensent orienter les sons vers ce qu'ils écoutent, Einstürzende Neubauten, Nine Inch Nails, The Young Gods ou KMFDM, ce qu'aime et stimule Larry Mullen Jr est plutôt Cream, Blind Faith et Ginger Baker ou Mitch Mitchell du band de Jimi Hendrix. Dont le trio comprend au moins le mot "expérience". Adam préfère aussi les punks de leurs jeunesses. On joue autour de ces sons. Les explorations électroniques de The Edge agacent Mullen Jr qui ne sent pas utile quand on le remplace par des batteries pré-enregistrées, ou de la batterie reproduite sur synthés. Daniel Lanois s'attend aussi à de l'organique, de l'émotif et du cinématographique. On est beaucoup 3 contre 2. On est d'accord sur le cinématographique mais on a pas le même ton pour le tourner. Bono et The Edge ne se freinent pas et composent beaucoup ensemble. Sans les deux autres. Comme ils avaient fait pour la pièce de théâtre. Le développement de Mysterious Ways sépare presque le groupe. Eno est celui qui raccorde les dissentions. Trouve que ce que Lanois/Clayton/Mullen voulaient et ce que Bono & The Edge voulaient, n'est pas aussi loin, les uns des autres. À force de se tirailler, The Edge essaie quelques accords suggérés par Lanois et on improvise ensemble un merveilleux morceau qui sera un des préférés de tous du band. Un baptême par le feu dira Adam.Se relocalisant au manoir Elsinore dans le comté de Dalkey de Dublin, on converti un garage en studio et on se trouve alors très près, géographiquement, de chez Bono et The Edge. Ça les gagne beaucoup de se rapprocher de leurs familles. Ils marchent pour se rendre au studio. On travaille un morceau si longtemps, qu'il fera naitre trois autres morceaux né de celui-là. Puisqu'on veut se réinventer, Bono créé un personnage aux lunettes fumées trop grandes lui donnant l'apparence d'une mouche. Le personnage évolue en egomaniaque portant la veste de cuir, une parodie de la star rock qui se la joue big. Ça fait rire parce qu'on est beaucoup plus humble que ça. Mais puisqu'on les accusé de prétention, jouons avec. On se fait voler les bandes enregistrées et elles seront diffusées en copie pirate de trois disques. On redevient un peu plus maussades. On se sent légitimement violés. On créé en ajoutant des tonnes de couches sonores et on déplace quelques fois dans la résidence privée de The Edge, qui s'est concocté un petit studio. Eno reçoit le tout et trouve catastrophique. Les pense paniqués, voulant trop en faire. Il épure pour eux, et selon tout le monde, sauve le produit final en enlevant des couches. On s'impose une pause de deux semaines pour faire tomber la poussière. C'est bien meilleur que ce qu'on pensait. Steve Lillywhite est amené pour le mix. Dans les trois dernières semaines, de nombreux changements sont faits sur 3 morceaux qui seront les 3 premiers singles.On a travaillé du rock alternatif, du rock industriel, de l'électro, presque du shoegaze, de la distorsion en tout cas, très shoegaze. Du rock trempé dans la technologie et plusieurs types de voix pour Bono. Qui fait de plus en usage du falsetto. La guitare de The Edge est océanique. Elle peint la tapisserie sonore qui clôt l'album. Adam se surpasse. Larry est content de sa batterie en ouverture. Un morceau sur la station de métro de Berlin où erraient les ados de Moi, Christine F., 13 ans, Droguée, Prostituée.
Alors que sur les albums précédents, on est parfois politiquement et socialement impliqués, ici, on fait exprès pour dire un mot qu'on s'était interdit de dire depuis toujours, baby, et de le faire démesurément, jusque dans le titre de l'album. Après la trilogie des albums aux titres d'un seul mot, on clôt la trilogie des albums aux titres à 3 mots pour entrer dans la trilogie rock industrio-techno.J'ai gradué de l'école secondaire en 1989. En 1991, j'ai terminé mon CEGEP en avril. À l'automne, je suis nouveau à l'Université de Sherbrooke. La trame sonore de cette année universitaire, ma toute première n'habitant plus chez mes parents, sera cet album lancé en novembre.
Proto-punk techno-rock automnal Dublinois,
Baby, baby, light my way.
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