Hm...Ouin...

Tout 1987, U2 fait une fortune. 

L'album vend merveilleusement bien et la tournée leur fait faire le tour du monde. 

On tourne des clips à Dublin, à Los Angeles, à Las Vegas, entre les spectacles, on devient en avril le 4e band à apparaître en une du précieux magazine Rolling Stone, après les Beatles, les Rolling Stones et The Who. Ça les flatte grandement. On parle d'eux comme du hottest ticket in the musical world

Leur gérant Paul McGuinness dit être très porté à imiter le Colonel Parker avec Elvis Presley et Brian Epstein, avec les Beatles et de tenter d'agrandir "le marché U2" dans le milieu qu'il a quitté pour devenir leur gérant: le cinéma. La musique doit stimuler l'imagination et les images peuvent faire de même. Et voyager/faire voyager partout dans le monde. 

En décembre 1984, Phil Joanou, qui avait travaillé avec Steven Spielberg pour deux épisodes d'Amazing Stories à la télé, est celui qui tourne la version de 12 minutes de Bad, en spectacle, à Live-Aid,  pour U2. On a engagé le Californien pour tourner pendant la tournée pour eux. Dans le but d'en faire un film livré idéalement d'ici 1988. Humble, Joanou leur suggère Martin Scorsese, Jonathan Demme ou George Miller à sa place. Mais les gars ont aimé travaillé avec lui. Et on le choisit pour le titre de travail qui est U2 & The Americas. On voudra tourner à nouveau à Red Rocks, à Denver, comme par le passé, des fois que la foudre de la chance frappe deux fois, mais le pari sur la météo est toujours présent, on se ravise et on tournera les spectacles du McNichols Sports Arena de Denver et deux spectacles, en Arizona. Les coûts de productions frôlant les 1.5 millions, on est forcé d'annuler quelques concerts en Amérique du Sud. La soudaine célébrité leur force des nouvelles gestions mal calculées.

On veut lancer le film de manière indépendante, dans quelques marchés seulement et quelques cinémas choisis. Mais Paramount flaire la fortune et achète en cours de tournage. Ce sera un nouveau train. Grand marché. L'idée ne déplait pas à McGuinness, les gars auraient préféré plus "petit".

Mais est-ce que U2 peut désormais penser "plus petit" ?

On écrit, compose et découvre beaucoup entre les spectacles, en tournées. On découvre des villes au South Dakota, on comprend que la musique doit absolument tout aux gens de la communauté noire et on collabore avec B.B.King qu'on avait rencontré après un de ses spectacles. On rend hommage à Coltrane et Billie Holiday. Fait un clin d'oeil à Jimi Hendrix, enregistre une version gospel avec un choeur sur scène, au Madison Square Garden de New York d'un de leur gros hit. On choisit un morceau de Bob Dylan enregistré sur scène, à San Francisco. On travaille avec Bob qui leur laissera la chanson à eux au final. Son engagement avec les Traveling Wilburys l'empêche d'enregistrer ailleurs. On attaque l'apartheid. Pour le film, on gardera des extraits de spectacle à Foxboro, au Massachussetts, Philadelphie, en Pennsylvanie, au Madison Square Garden de New York, à Long Island, et à Boston. On offre la première version entièrement chantée par The Edge sur disque. Bono et The Edge composent un morceau qu'ils offrirons à Roy Orbison.

Le 8 novembre, dans un spectacle filmé, à Denver, L'IRA, en Irlande, fait sauter une bombe dans une journée de commémoration, à Enniskillen. Pendant sa livraison de Sunday Bloody Sunday, enragé, Bono scande "fuck the revolution !". Il ne voudra pas qu'on garde au montage final, mais tout le monde s'entend que ce serait un moment fort du film et il finit par accepter. On visite Graceland, à Memphis, ce qui sera aussi gardé dans le film. 

En février 1988, J'ai 16 ans. U2 et Joanou sont à Los Angeles. Les premiers pour enregistrer de leurs nouvelles compositions, le second pour monter le film. Aux Grammys de Mars, on gagne l'album de l'année. On travaille avec Van Dyke Parks, qui dit ne pas trop entendre ce à quoi il a contribué sur un morceau qui était parfait à ses oreilles avant qu'il n'entre en studio. Le crescendo qui clôt l'album (album qui sera inutilement double à 72 minutes) reste une des meilleures chansons du band selon moi. Ce que Ben Stiller avait compris en 1993

Adam offre une version composée avec The Edge qui reste ma préférée de cet album. Une réponse à un morceau de John Lennon de 1970

Inspiré d'une photo presqu'identique en spectacle où Bono enligne une lumière sur The Edge, on la refait en studio avec Anton Corbijn. On choisit encore mon automne si chéri pour lancer le premier single en septembre, l'album double en octobre et le film en novembre. Entre jeunes de 16 ans qui commencent leur secondaire 4. une splendide époque, on se réunit tous excité(e)s pour aller voir le film dès sa sortie. Le premier single ne nous avait pas fait acheter l'album. Puisque double, plus cher. On a 16 ans, on est pas riche. On sort de la salle si déçu de ce qu'on a vu...on y voit complaisance, un peu de prétention. mais tellement d'emprunts. Non fans de reprises, il y a quand même 6 morceaux sur 17 qui ne sont pas de 100% nouveau. On sent les efforts de vouloir copier les grands. Comme si ils ne pouvaient pas s'y trouver eux-mêmes sans emprunter aux "grands". On aurait préféré 10 morceaux.

Face A  DesireGod Part II, Van Diemen's Land, Silver & Gold, Love Rescue Me

Face B Angel of Harlem, When Love Comes to Town, Hawkmoon 269, Heartland, All I Want is You 

Auraient suffit. Peu importe l'ordre. Mais bon...hm... ouin. On peut refaire tous les albums comme ça. Encore plus à 16 ans. Je pense que je viens de me donner l'envie de reconstruire sur mon téléphone l'album qui m'aurait plu*. 

On est pas les seuls à ne pas trop aimer le film. Si la cinématographie est saluée, on reproche au band un manque de direction, un côté "touriste" aux États-Unis, un manque de profondeur pour un groupe qui se dit socialement impliqué, une approche un peu naive, superficielle et frôlant l'appropriation culturelle. Une dernière accusation un peu mal avisée. À partir de quand rend ton hommage et à partir de quand s'approprie-t-on ce que font les autres ? Angel of Harlem est une belle intégration des cuivres, choses rare chez U2. 

Bien que l'album suive les dernière ventes et accumule entre autour de 15-16 millions dans le monde, se classant au #1 des ventes dans le monde dans 8 pays, dont le Canada et les États-Unis, le film ne fait que 7 millions de plus que ce qu'il a coûté à produire. Ce qui est loin d'être fâcheux. Mais sous tout ça, le produit musical original, reste mince. Peu de morceaux accrochent.  Le premier single, hommage à Bo Diddley,  sera quand même #1 en Angleterre, Nouvelle-Zélande, Australie, au Canada, en Irlande et en Italie, #3 aux États-Unis. Dès décembre on lance le second single, qui fait référence au JFK Aiport, à la station de radio soul/ R & B, WBLS, Harlem, Love Supreme de John Coltrane, au Birdland Club, à Miles Davis et surtout Billie Holiday, sera #1 au Canada et aux États-Unis et en Nouvelle-Zélande. Mais c'est très loin du son post-punk de leurs débuts.

En novembre, The Edge surprend le public de Bryan Ferry en montant sur scène pour jouer avec lui. Un mois plus tard, Roy Orbison à qui on venait de donner une chanson pour son prochain album, décède à 52 ans. 

Comme si le band se doutait qu'ils allaient dérouter, l'album emprunte à une ligne de Bullet The Blue Sky pour le titre de leur album hybride. 

Un raclement de gorge et un Hm. 

Comme un doute. 

Partagé aux fans.   

*J'ai fait la même chose pour le triple album de The Clash Sandinista ! que j'ai réduit à un seul de 10 morceau. 

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