Daniel Lanois

Daniel est né en 1951, à Hull, au Québec, il a déjà un grand frère, Bob, qui l'inspirera beaucoup. 

Quand son frère s'intéresse à la musique, l'harmonica, Daniel choisit de s'initier au Thin Whistle, une sorte de flûte irlandaise. Dès ses 9 ans, Son frère en a 12. Daniel passera à la guitare à pédale. Et quand il a 17 ans, Bob, 20, ce dernier construit dans le sous-sol un studio quand leur mère habite Ancaster, en Ontario. On s'exprime d'abord en anglais, mais on se débrouille assez formidablement en français aussi, étant nés au Québec et y ayant résidé. 

Dans les années 70, Les Lanois s'achètent une maison à Hamilton où, toujours avec son frère, ils se construisent un studio personnel dans le sous-sol qui sera nommé Grant Avenue Studio. À 23 ans, avec son frère Bob, il co-produit le demo du band local Simply Saucer, un album qui ne verra le jour que 15 ans plus tard. Deux ans plus tard, pour le bluesman Jackie Washington il signe une première production sous le nom de Dan Lanois. Washington était le premier disc jockey à la peau noire des stations de radio au Canada depuis 1948. Il sera ingénieur du son l'année suivante pour le chanteur de folk Willie P. Bennett, cette fois, avec son frère, Bob. La même année, pour le chanteur canado-égyptien pour enfants, il sera ingénieur du son pour son album More Signable Songs en plus d'y jouer de la guitare à pédale sur 7 fe ses morceaux, pour lui. 

En 1977,  Lanois n'est pas insensible à ce que font cette année-là David Bowie, Iggy Pop, Carlos Alomar, Dennis Davis, George Murray, Ricky Gardiner, Roy Young, Tony Visconti, Robert Fripp & Brian Eno font ensemble, à Berlin. C'est personnellement ma période préférée de Bowie, entre 1970 et 1980, et Lanois reste impressionné par ce qu'ils arrivent techniquement à faire en studio. Avec une stature mondiale pour Bowie, et un souci tout à fait moindre pour la diffusion commerciale. Low est même d'abord refusé par la compagnie de disque. Une lettre de rejet que Bowie fera encadrer. Mon album préféré à vie.  La magie de Heroes l'impressionne. Bowie et Eno font parler la guitare de Fripp de manière unique. On peut donc arranger de cette manière et faire un hymne mondial ? Les frères Lanois ont une jeune soeur de nom de Jocelyne. Elle est aussi musicienne. Guitare et basse. Mais n'a pas de band. 

Daniel produit pour Ron Neilson et Crackers. Et pour Scott Merritt. Avec deux membres de la formation canadienne punk Teenage Heads, Daniel produit le mini-album de la formation The Millionnaires. C'est là que sa petite soeur lui présente le band de ses amies de Martha & The Muffins, tous rencontrés dans le même party d'Halloween de 1977. Qui s'était choisi un nom temporaire avec une Martha (Johnson) aux claviers et au chant. Et qui se rajoute une seconde Martha (Ladly) toujours aux claviers, quand Johnson ne devient que chanteuse (et occasionnelle claviériste aussi). Le nom Martha reste alors pertinent. Et on est un band punk qui veut se se distinguer des autres. En octobre 1980, on obtient son plus grand succès populaire international. Quand Jocelyne leur propose son frère Daniel pour produire le prochain effort, tout le monde semble content sauf la maison de disques. Qui ne connait pas ce producteur qui n'a pas encore d'envergure. Et le band vient de scorer à l'étranger. Jocelyne est recrutée comme bassiste de Martha & The Muffins et on réussit à charmer son chemin pour que Lanois, Daniel, en soit le producteur. Il co-écrit même le morceau d'ouverture en en faisant les traitements.  

Daniel se découvre alors une passion pour les arrangements qui changeront sa vie, et dans le futur, celle des autres. Serait-il en mesure de créer du grandiose comme Eno ,Visconti & Bowie l'ont fait en deux albums à Berlin ? Jocelyne sera de Crash Vegas, jouera pour Ani DiFranco, Chris Whitley et pour Sarah McLachlan sur son album Solace. Elle fera de la musique de documentaires et de films avec Martha Johnson et un autre membre des Muffins, Mark Gane, en plus d'être co-propriétaire de studio avec ses frères jusqu'à nos jours. Bob décède toutefois il y a 4 ans. À 73 ans. 
Daniel a enrobé la première chanson de Martha & The Muffin de leur dernier disque et il a adoré. Il s'est senti cuisinier d'un gâteau d'abord travaillé par les autres sur lequel il a ajouté une sorte de crémage. Un zest de funk et un habillage sonore de rue en action, ouvrant l'esprit sur des images cinématographiques. Il sent qu'il enrichit les sons.

Daniel Travaillera comme producteur pour Bernie Lafarge, Nash the Slash et sur un 12 pouces d'une chanson de Mama Quilla II.

Le studio des frères Lanois se gagne une bonne réputation d'enregistrements atmosphériques et organiques. Brian Eno a déjà 7 albums solos depuis son départ de Roxy Music. Certains chantés, beaucoup instrumentaux. Et surtout très atmosphériques. Parfois, tout à fait expérimentaux. Il se magasine des espaces de calme et les Lanois, par tempérament, sont eux-mêmes très calmes. Peuvent se choquer noir, mais sont en général très posés, même dans leur manière de parler. L'ambient que recherche Eno doit se trouver, selon Eno, loin des grandes villes bruyantes. Quand il passe par le Canada, en Ontario, à Hamilton, il choisit d'y enregistrer une partie de son album Ambient 4: On Land. Il est impressionné par ses talents de producteurs et de technique autant que Daniel reste épaté par les manipulations de bandes de celui qu'il admirait de loin jusqu'à il y a pas longtemps, les mixtes constamment nourris par toutes sortes d'expériences sonores qu'essaie Brian. Eno dira lui-même qu'il fait du compost musical. Et utilise beaucoup de non-instruments. C'est de la vraie expérimentation qui fascine les frères Eno. Une aura profonde, presqu'une nouvelle spiritualité.

Il se permet même quelques suggestions à Eno et fera de l'équalisation en studio pour un de ses morceaux. Il fait aussi la rencontre d'Harold Budd, avec lequel il voudra retravailler. Eno, qui a travaillé avec son frère Roger, reconnait une dynamique qui ne lui est pas étrangère entre Daniel et Bob, en studio. L'album d'Eno est un tel succès niché qu'il reproduira l'expérience dès l'année suivante, co-produisant entièrement avec Daniel. Qui joue de la guitare et des percussions avec Brian Eno et son frère Roger aussi. Cette fois tout est enregistré au Grant Avenue Studio. 

On se reconnait des talents mutuels. Couches de textures sonores, utilisation et audace dans les espaces musicaux, instrumentation non traditionnelle, parfois pleine d'effets. Créativité originale. Brian est fonceur technique, Daniel plus organique, mais tout aussi atmosphérique. On allume sensiblement la même chandelle pour l'autre sur les même corridors musicaux obscurs pour y découvrir de nouvelles lumières. 

Ça attire l'attention d'un être zen. Un réalisateur de films. Un certain David Lynch. Qui leur commande un morceau ensemble pour son projet d'adaptation du roman culte de science-fiction Dune, de Frank Herbert. 

Mais avant de travailler pour lui, on tricote ensemble encore de plus près, Music For Films Volume II. Toujours avec les frères Eno. On recuisine même des morceaux qui n'avaient pas été écrémé/crêmé avec Daniel. On aime travailler ensemble. On s'apprend beaucoup l'un et l'autre. 

Dan produit aussi seul le premier album d'un nouveau groupe qui intéresse beaucoup :Parachute Club. Il co-produit un projet avec Brian Eno et Harold Budd. Puis, le 5e album de  Martha & The Muffins rebaptisé M+M puisque Mark Gane chante tout autant que Martha Johnson. 

Quand 4 Irlandais appellent Eno, il pense à Daniel et le demande en renfort afin de se motiver à avoir envie de travailler avec des rockeurs, style dont Eno s'est passablement éloigné depuis presque 10 ans. 

Mais c'est qu'ils sont sympathiques ces 4 Irlandais.

 Si différents tout en étant si unis. 

Un qui en fait toujours trop, un autre plus discret mais très ouvert à toute sorte d'expérimentations. Une section rythmique qui emballe Lanois tout de suite. 

Un mariage se dessine. 

 De l'inoubliable se cuisine.     

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