Foi

On écrit dans les journaux quand les 5 Irlandais reviennent des États-Unis. "Make it in America". Jamais les États-Unis ne comprendront qu'ils ne sont pas "l'Amérique". Ils en sont un territoire. 

Cette fois, on les remarque dès Dublin. On jase d'eux. Quand Bono découvre que son père est fier de lui, il comprend que quelque chose se produit. U2 est dans le vent qui souffle du bon bord. On en veut encore. Le premier album ne vend pas des fortunes, mais on a du support de partout. 

Les 4 gars ont désormais les mêmes réalités communes. On ne parle plus au "je" mais au "nous". Les blondes, les familles, les amis, les proches, même les inconnus aiment leurs présence. Et leur son. Seuls l'église est inquiète. Et pour Bono, Larry & The Edge, c'est un léger problème. Ils doivent s'expliquer au pasteur. "Non nous ne nous éloignons pas de notre foi".  Bono gagnera l'église en leur disant que les fonds cléricaux étaient désormais en meilleure forme puisqu'il collaborerait davantage avec son salaire de contractuel de maison de disques. Larry & The Edge feraient de même. Le pasteur sagement ou hypocritement dira "C'est le seigneur qui nous assure un avenir". Il monterait plusieurs épouvantails encore dans le futur. La religion est le fantôme d'un chien. 

En spectacle, à New Haven, aux États-Unis, Bono avait connu quelques moments de colères mal gérées. Frustré de la tenure de la soirée, il avait choisi de prendre la caisse claire de Larry et de la lancer dans la foule. Contre le public. Adam et Larry avait tout de suite couru vers lui afin de le calmer mais Bono était en feu et revenait vers la scène quand The Edge, qui n'avait pas bougé mais avait tout vu, a frappé de son poing sur sa tempe celui qui ne s'était jamais battu de sa vie. 

Zen The Edge freinera toujours l'excessif Bono. Aussitôt qu'il l'avait frappé, The Edge s'en excusait, ce n'était que de l'impulsivité. Qui répondait à l'impulsivité de l'autre. Les deux mal gérées. Je suis aussi Irlandais, je sais que ce n'est que des Irlandais "going Irish on each other". C'est connu pour les sains d'esprits, le germe de la violence est né en Irlande. L'attirance pour les États-Unis s'en explique aussi. Il y a une part de miroir. 

The Edge n'est pas un nom innocent à lui donner. Pour toute la tranquillité qui l'habite, se cache aussi quelque chose qui crie en lui.

Pratiquant avec le band, à un moment où tout le monde ne s'accordait pas, The Edge, probablement le seul faisant du sens musicalement, avait pris sa guitare, d'un air excédé, fait mine de la tirer en direction de Bono, avait plus ou moins lutté avec lui-même, avait choisi de la laisser au sol, avant de claquer la porte et de revenir avant que le son de claquement de porte ne finisse son bruit pour s'en excuser. C'était une typique rage à la The Edge. 

Quand le band recule les bandes de son qu'ils enregistrent, on a l'impression que c'est le cerveau de The Edge qu'on entend. Quand on entend les guitares de Tom Verlaine et Richard Lloyd de Television sur Marquee Moon, on comprend que The Edge veut aussi raconter des histoires comme eux, par sa 6 cordes. Et pourquoi pas la 12 un jour ? Il est nerd de la guitare et ne voit que des portes ouvertes devant lui, guitare au cou. On comprend qu'au lieu de viser blues, on doit peut-être viser un peu plus science-fiction. Comme Lemmy dans Hawkind ou Pink Floyd avec Animals. On fera plus de place au piano. The Edge sort une belle sensibilité au clavier de 88 notes d'ivoire et d'ébène

Les rencontres avec le pasteur irlandais Chris Rowe auront leurs effets. On chantera teinté de religiosités.  The Edge apprend à jouer avec des pédales, dont la Memory Man qui changera sa vision de sa guitare. Une pédale qui produit un effet d'écho des derniers accords joués. Si Adam n'a rien de religieux, ils partagent tous des fois communes. Foi en eux 4, foi en ce qu'ils pourraient devenir ensemble, ce qu'ils pourraient devenir comme musiciens, meilleurs que la somme de chacun d'eux.

Mais la foi est aussi ce qui menace de les séparer. Dès 1981. 

La foi religieuse divise les gens. Entre ceux et celles qui croient et ceux et celles qui comme moi, n'en croient pas un mot. Qu'Adam et Paul ne s'intéressent aucunement à tout ce qui était religieux n'était pas si grave, mais que les 3 autres le remarquent le devenait. Il y avait tolérance et patience du côté de Clayton et McGuinness mais ferveur du côté de Bono, The Edge & Larry. Deux clans quand même. Aimez vous les uns les autres est la chose à retenir. Je On s'entendra toujours là-dessus. 

Bono choisira d'être inspiration comme l'église lui demande d'être influence religieuse. Il voudra briller de positivité. Bono sera celui qui pensera le titre du prochain album avant même que le morceau ne soit composé. Il dira que ça reflète le désillusionnement qui reflétait la formation alors. Nés dans les années 60, quand le matérialisme prenait son essor, dans les années 80, ça devenait plus froid. Le matérialisme n'avait plus d'idéalisme. Le soleil devenait danger. C'était l'hiver émotif avec le tandem austère Reagan Thatcher. On se sentait mentalement après l'automne ou la récolte, à 22 ans seulement, la tête pleine de peur gothique. Avec un taux de chômage catastrophique sous Thatcher, et des gens qui crevaient de faim de plus en plus en images, à la télé. La technologie semblait mener le monde à de meilleures bombes au lieu de meilleurs sons de guitares. On dit de plus en plus que Dieu est mort. Et on sent qu'on est le band pour chanter à ses funérailles. 

Sans en discuter, pendant les sessions d'enregistrements, la photo de la pochette, de Steve Averill, n'est pas mise en scène. Elle est tout à fait spontanée. Et c'est ce qui plait au band. Averill pense que le band a été inspiré par la pochette de Bob Dylan The Freewheelin' Bob Dylan. Avec son esthétique de "croquée de moment en location en pleine création". On ne sera jamais satisfait de la pochette. Regrettant de ne pas avoir écouté le département de création artistique de la maison de disques qui proposait autre chose.

      Steve Lillywhite est ramené en studio pour produire le second effort. On doit garder le feu vivant. Bono s'inspire de ce qu'il lit. The Edge sera ce que les gens se rappelleront le mieux. Si on critique le choix rythmique et Bono qui en ferait trop vocalement, on salue collectivement presque partout la guitare de The Edge. On lance en Octobre, bien entendu. Et on s'accorde pour dire presque partout que Tomorrow est un moment fort de l'album. Mais en général, on est pas particulièrement impressionné par le second effort. 

Préférant encore le premier.  

On clôt l'album avec un titre qui est presque la réaction critique et publique de la réception du disque dont les deux singles font moins mouche que I Will Follow ou The Electric Co.

Est-ce que U2 n'a déjà plus rien ?

Non, on a la foi.

The Edge reste le plus religieusement confus. Sa foi est elle en conflit avec sa profession ? Il pense lui aussi tout quitter. Après tout, les gens préfèrent encore le premier. Mais les 3 autres diront plutôt "Offrons leur un 3e." 

Commentaires

Messages les plus consultés de ce blogue

Mount Temple Comprehensive School

Échouer, Échouer à Nouveau, Échouer Mieux

Le Mentor